À jouer aux pirates sur les côtes anglaise

 

En avant Viola !

Hello hello !

Petites news du moment : après l'Écosse, j'ai triché un peu : j'avais la flemme de redescendre toute l'Angleterre seul (mes frangins et un ami devaient m'accompagner, mais comme de grands couillons ils n'ont pas pensé à leur passeport...). Je prends donc un bus direction Portsmouth. 

Pourquoi là ? Il y a la mer, et sur les photos aériennes je vois pas mal de bateau, ça le fera peut-être pour rentrer ! Objectif : bateau stop, ou bien trouver un vieux bateau peu cher pour traverser et soit me faire directement un logement à Rennes, soit le redonner de l'autre côté...

En effet, le port est plein de voiliers. Mais à ma grande surprise, beaucoup restent sur place ou dans les environs, ce n'est pas comme dans les Caraïbes où d'un bateau à l'autre les destinations variaient entre Jamaïque, Cuba, Panama, New York... 

Le soir venu, un marin très aimable (mais sans bateau avec lui actuellement) me propose de rester chez lui et son fils le temps des recherches. Georg et son fils Sam sont touchants.

Je ressens une belle complicité entre eux, et on vit de bons moments : j'ai l'impression que mon aventure leur plaît bien. Elle brise leur quotidien et ils ont autant de plaisir que moi à cet arrêt chez eux (et à ma ratatouille je crois). 

Une maison pour trois, pas la peine de se serrer !

Après les recherches infructueuses du lendemain (un seul bateau pour la France, mais à moteur, pouah !) et même si Georg me propose vivement de rester plus longtemps, j'ai hâte de rentrer et d'essayer d'autres ports. Je revois mes objectifs à la baisse et embarque pour l'île de Wight, bien plus proche (mais un bon spot de voile visiblement). Encore une belle rencontre avec Sarah et ses copines qui se rendent ensemble à la Gay pride de l'île. C'est ce que j'aime beaucoup en stop : les échanges ! Et en bateau qui plus est, où les trajets sont bien plus longs.

Le brexit, très peu pour elles, vive l'Europe !

En arrivant à Cowes, rebelote, je remonte mon vélo et pars discuter de ponton en ponton, laisse mon numéro par ci par là au cas où. J'ai confiance, la ville est réputée pour être la Mecque de la voile !

Frustration au détour d'une rue : quelques jours avant a eu lieu la Cowes Dinard qui m'aurait amené directement chez mon papa ! 

Je fais ensuite une vingtaine de kilomètres vers Yarmouth pour chercher ensuite là-bas. Découverte de Brigitte et Malcolm. Ils ne vont pas en France (ce n'est pas faute d'avoir essayé après m'avoir rencontré), les papiers sont compliqués à faire, surtout avec un chien à bord qui doit avoir une tonne de certificats depuis le brexit... 

Brigitte vient de Pont l'abbé, et solidarité bretonne oblige, elle se démène avec Malcolm pour me trouver un bateau ! Tous les deux sont très prévenants et font au mieux pour moi (encore une fois si vous avez suivi le début, je tombe très bien). En attendant de trouver, je suis invité à rester à bord, et même eux changent leurs plans et restent au même endroit le temps des recherches. Mais finalement dès le lendemain nous sympathisons avec des Belges qui partent pour Cherbourg et peuvent m'emmener deux jours après, youhou !!! 

Et puis un message arrive dans la soirée (je comprendrai plus tard que c'est un peu comme une lettre de Poudlard...) d'un des bateaux que j'étais allé voir à Cowes : 

"Bonjour Raphaël 

Je suis le skipper de viola 

Serais-tu intéressé pour naviguer demain avec nous ?

A bientôt " 

En attendant de partir avec les belges, je me dis que ça peut être chouette, c'est une belle occupation pour la journée. C'est okay pour la nav, même si le départ est à 6:15, que je dois faire 20 kms de vélo (donc départ 5h, p'tit déj à bord du vélo), et que la veille on a tardé avec les belges, Malcom et Brigitte, outch !

Je pensais faire une sortie balade. Malcom me prévient que je vais sur un superbe bateau qui fait une régate le lendemain, donc ça va être la course ! J'ignorais complètement, et j'arrive en touriste...

Voilà Viola !

Petite présentation : Viola, superbe voilier aurique de 1908. Elle a même sa page wikipédia !

À peine arrivé, connaissance avec l'équipage. Tout le monde est très sympa. Le style de la maison : rouflaquettes (plus pour une blague). Fabien le skipper a bien le style de la grande course. À peine partis, on m'explique mon poste : écoute de Yankee et bastaques. C'est pas compliqué, mais il faut être rapide, mettre de la force et pas se planter : quelques secondes en trop et c'est le mat qui tombe, ça fait de grosses responsabilités ! 

Hop, c'est le départ de la course ! À bord pas de cri, que des infos qui tournent. C'est très professionnel. Certains arrivent à voir des choses qui me dépassent totalement, du style " on va chopper une risée adonnante dans 18 secondes, tenez vous prêts !"

Aux passages de bouées, c'est la bataille avec les autres bateaux. On en croise à cinquante centimètres près, les réglages sont très précis : à manœuvrer au milieu de tous ces bateaux qui font la course aussi j'ai l'impression d'être au temps des pirates, l'ambiance est magique ! 

À la fin de cette superbe journée, une offre en or du capitaine : rester à régater avec eux en échange du logement, des restos et du billet d'avion retour ! Devant mon regard, il comprend vite que je souhaite rentrer à la voile. C'est acté, à la fin de la semaine je convoie Viola et mon vélo en France aussi ! 

Moi qui pensais être un poid à bord, je suis flatté par cette proposition tout de même ! (Bon, même si être un poid est précisément intéressant quand on le place bien pour faire gîter le bateau...)

Du coup je reste avec tout le monde à bord et j'ai pas mes affaires, encore merci à Brigitte et Malcolm pour me les avoir ramenées ensuite au port !

 

Notre hôtel !

Ces chers Britishs et leur thé !

Et maintenant mes objectifs ont bien changé : j'apprends énormément de choses à bord, et je préfère rester à naviguer plutôt que de rentrer... 

On m'avait dit que la vie changerait à bord, Fabien ne m'avait pas menti ! En se baladant aux couleurs de Viola, les gens nous admirent pour naviguer aussi vite sur un navire aussi vieux. Il faut dire que beaucoup à bord sont de sacrées pointures en voile (Mini-Transat, skipper des pen-Duick etc...)

Et puis c'est le bateau des soirées : alors que beaucoup sont assez sérieux, le soirée c'est reggae à fond et ambiance tamisée, ça vit à bord ! 

L'ambiance est super à bord, et je retrouve le penser collectif des pompiers.

Tout ça a quand même un prix... Les rouflaquettes ! 

Pour la régate : hier on a fait une belle bourde : viser la mauvaise bouée nous a coûté cher (6emes). Aujourd'hui, pétole. On n'a rien lâché, l'équipe Viola est championne pour le petit temps ! On a fini premiers de notre catégorie (3eme sur tous les bateaux). Pour suivre la course, c'est ici en classe trois 2022.

Et pour nous voir sur la carte c'est là !

Au programme : on fini demain la dernière manche de la course, puis samedi ou dimanche on part pour la Rochelle, avec escales au moins aux Abers en Bretagne, et à l'île d'Yeu (mais ça peut évoluer, si ça vous dit de venir voir le bateau (et faire la fête ?) il vaut mieux regarder sur marine traffic ou me contacter...) 

L'arrivée en France se rapproche, à bientôt !