Les Canaries !!!
Terre en vue ! Arrivée à Las Palmas |
Après avoir été bloqués dans le port par le temps, nous larguons les amarres à Marbella, sans savoir encore si on s'arrêtera avant Las Palmas ou non.
Gibraltar était rodéo à passer : de nuit, vent et courant contraires, un festival de navires en tous genres devant... Le courant était si fort qu'en tirant un bord, ça nous arrivait de se retrouver exactement à la position du bord d'avant !
Ensuite, passé laborieusement le cap, je ne pensais pas qu'on perdrait la connexion
on voit pas bien, mais le rocher de Gibraltar est impressionnant de la mer ! |
si vite ! (rester sur le réseau marocain est hors de prix).
Je poursuis donc sous forme de journal de bord.
Je prends mon quart dans le détroit vers minuit le 2 novembre. On a passé Gibraltar, mais nous restons proches de la côte espagnole pour éviter le violent courant qui se déverse de l'Atlantique dans la Méditerrannée. Sur babord, des lumières bien étranges, la côte étant de l'autre côté... Je regarde mieux : Un batiment est éclairé, avec des inscriptions en arabe : On aperçois le Maroc ! Je ne le pensais pas aussi proche. Mon quart se passe tranquillement, à lutter contre le courant.
Le lendemain, on voit encore mieux la côte. A 10 heures, souci technique : le pilote automatique tombe en panne. Je prends le relais pendant que François Jérome et Matthieu essaient de réparer infructueusement un boitier retrouvé cassé (sûrement dans la nuit lors d'une prise de ris). Petite frayeur quand il reprend dans une direction très aléatoire alors que nous sommes près du rivage ! Puis il s'éteint, et se remet à fonctionner par la suite, exactement comme avant, malgré le boitier toujours en réparation.
17 h : Un pôtit zoiseau vient nous tenir compagnie !
Avec un truc pareil dans les cheveux, la canaille rit ! |
caché.... |
Coucou ! (à ceux compas vu) |
Il fait moche, on est loin de la terre, le bateau est bien pour lui. Il vient se réfugier sur chacun de nous. On lui fait un nid de vêtements pour le réchauffer cette nuit.
Je commence à veiller ce soir : Peu de vent, mon quart est paisible. Le ciel est clair, les étoiles sont magnifiques. On est maintenant loin des côtes, je n'avais jamais vu un ciel aussi dégagé avec autant d'étoiles : pas une lumière autour ! Et l'étrave propulse des gerbes de lumière. Sûrement du plancton phosphorescent, mais sans internet ce n'est qu'une hypothèse. C'est splendide en tout cas, le bateau semble faire des étincelles de vitesse !
3 novembre :
1h-3h : Je n'ai pas le temps de m'ennuyer pendant mon quart : Des paquebots, cargos, et pêcheurs à éviter. Ces derniers sont sans AIS (balises pour se signaler), c'est le festival !
Dans la matinée, le vent est revenu ! On va vite, belle houle. Le régime des Alizées commence à prendre. On découvre avec tristesse que le petit oiseau est mort ce matin, comme un autre de ses copains, sniff !
La journée se passe en occupations diverses : quelques bricolages/ réparations (il y en a toujours sur un bateau, même neuf). Plusieurs animaux font leur apparition : Une buse se pose puis redécolle. Fait étonnant, nous sommes loin de la terre. Puis on voit notre premier poisson volant ! Un de ses copains a eu moins de chance, on le retrouve déjà bien mort à l'avant.
Je bouquine ensuite sur le trampoline au son de Yann Tiersen avec la fin du soleil : Magique ! Puis une partie de poker où je finis ruiné !
Dans la nuit je m'endors bercé : Hakuna semble vivre : Les bruits varient en restant réguliers : la houle, le vent dans les haubans, la vitesse.
4 novembre :
Réveil ensoleillé, très bien dormi : les vents sont portants, on va dans le même sens que la houle donc ça tape moins le repos est meilleur. Avec un vent d'environ 20noeuds bien établi, on file autour de 9-10 noeuds, avec des départs en surf jusqu'à 16 ! La grande différence avec un monocoque, c'est qu'on ne ressent presque pas la vitesse, et on peut continuer de manger tous tranquillement le bon plat du jour. Le bateau avale les milles, les parallèles défilent. Je me perds à contempler l'océan. Je ne m'en lasse pas. Toujours très changeant, ce n'est étonnamment jamais le même paysage. Aujourd'hui, de grosses vagues qui font voler le bateau à plusieurs mètres de haut (quand on se met à la proue), pour ensuite filer devant et le laisser s'enfoncer un moment. La nuit est plus agitée : Pendant mon quart le vent oscille entre 25 et 30 noeuds.
Les prévisions indiquent un vent assez constant qui devrait nous pousser sur plusieurs jours jusqu'aux Canaries d'un seul bord, quelle chance !
5 novembre : Pareil que la veille, mais encore plus vite : Par moments nous sommes à 13-14 noeuds de moyenne avec des pointes à plus de 20 noeuds, ce qui est une belle performance sur un bateau de croisière ! (sur un monocoque, 9 noeuds c'est déjà énorme, et le bateau est penché à 45 degrés). D'autres petites visites sur le pont. Je savoure les bouquins que j'ai emmenés et ceux de Matthieu et de ses amis.
6 novembre : arrivée à Las Palmas ! La houle augmente en atterrissant. Les vagues de deux à trois mètres passent plutôt à 4 et nous portent bien. On sent qu'on approche avec toute la foultitude de navires qu'on ne voyait pas au large (tout juste un cargo qui passait à 35 milles dans la journée et qui attirait vaguement l'oeil). L'ambiance est à la fête au port, avec beaucoup de navires se préparant pour la traversée de l'atlantique (environ 400 voiliers pour la course). Un premier départ est donné demain via le cap vert, ça bouge bien ! Et on arrive en star : les deux premiers marins qu'on rencontre avaient déjà visité notre bateau à un rassemblement à Canne. On voit d'autres bateaux, on rencontre du monde, l'ambiance est très sympathique. On prend souvent contact, en se donnant rendez vous de l'autre côté, à plusieurs milliers de kms ! Je suis invité à bord d'un voilier allemand en fin de soirée. Le traditionnel rendez vous à Sainte Lucie est fixé, mais entre temps une rando sur l'île se profile... A suivre :^)
Bonus : quelques photos de bord :
session cuisine |
c'est bôo, mais c'était avant qu'on nous dise à Las Palmas que c'était le meilleur moyen de casser le mat ! (oops) |
un oiseau en visite |
Bonjour Phapha, c'est un grand bonheur de te retrouver après ces quelques jours de mutité.
RépondreSupprimerBravo pour tes jeux de mots toujours aussi vaseux, quant au pilote automatique normal qu'il se soit cassé lorsqu'on prend un ris au pays du couscous!!!!!!!!
C'est avec plaisir que nous avons découvert tes photos ainsi que ton journal de bord.
Tu dois en avoir plein les yeux et plein les poumons.
L'Armada de Las Palmas doit être impressionnante !
Profite bien de ce bon temps aux Canaries nous pensons très fort à toi.
Gros gros bisous de nous deux.
Ravie de te retrouver et merci à Paulo plein d’astuces qui a été le premier à capter des nouvelles d’Hakuna et à partager !
RépondreSupprimerC’est touchants ces animaux qui viennent s’y réfugier ou s’y échouer... (Est-ce que vot' calamar se retrouvera dans vos assiettes? )
Effectivement, voguer sous la voûte céleste doit être grandiose, un ciel nocturne ainsi parfaitement pur pris entre mer et ciel, cela fait rêver ! (Ici, pour notre dernière soirée astronomique avec Papou, nous avions le spot de la rue bien en face… Pas glop !)
Merci pour ces beaux partages, Raphaël. Hakuna a déjà son petit succès c'est réjouissant. Tout plein de bon temps aux canaries dans cette ambiance de marins en pré course ! Belle randonnée aussi!
Coucou mon coco, merci de nous faire faire ce magnifique voyage... encore que l'amoureuse de la mer que je suis 😜 a le mal de mer rien qu'a voir tes vidéos ! Gros bisous de la terre ferme mon grand globe-trotter.
RépondreSupprimerMamie.
Bonjour Rapha,
RépondreSupprimerMerci pour ton récit, joyeux et passionnant! Quel incroyable voyage! On a beaucoup de chance de le faure en pensée avec toi, grâce à ton journal de bord 🙂
La traversée de l'Atlantique s'annonce passionnante. Je te souhaite de belles rencontres sur terre et sur l'eau.
Je t'embrasse
Merci Rapha pour ce journal de bord en texte et images... et pour les blagues vaseuses ! J'aime bien "ceux compas vu"...
RépondreSupprimerLe satellite ne donnait des positions que de manière irrégulière, mais on voyait se déplacer les points, sans savoir si on suivait bien le bon bateau. ça a dû vous changer de naviguer d'un seul bord sur d'aussi longues distances, après les multiples virements de la sortie de la méditerranée !
Et bientôt, les alizés vous pousseront à travers l'Atlantique...
message incompréhensiblement arrivé en double
RépondreSupprimertu te débrouilles comme un manche au poker : tu aurais pu gagner le catamaran !
RépondreSupprimerPetites infos ornitho :
RépondreSupprimerLe petit piou était sûrement un Serin cini, ou un Serin des Canaries. Au risque d'être un peu cinique, notre petit Canarie est plus serin à présent. RIP boule de plumes...
Le gros piou était un Puffin. Puffin de Scopoli si méditerranéen, ou plutôt Puffin cendré après Gibraltar (d'après un type un peu plus calé que moi...)
Merci à vous pour tous vos commentaires ! Ça me plaît et m'amuse beaucoup de vous lire :^)
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